Nous sommes le 5 octobre 1941, le secrétaire de police originaire de Vienne, Walter Mattner rédige une lettre destinée à son épouse.
Dans cette missive, il décrit des événements qui ont eu lieu l’avant-veille, à l’Est de la Biélorussie, dans la ville de Moguilev : « A l’arrivée des premiers véhicules, dit-il, ma main a tremblé quand j’ai tiré, mais on s’y habitue. Au dixième convoi, je visais calmement et tirais de manière assurée sur de nombreux nourrissons, enfants et femmes. » Walter Mattener était, lui-même, père de deux enfants. Il continue sa lettre en expliquant que la mort donnée aux juifs est une « belle mort (…) en comparaison avec les infernales tortures » de la police politique soviétique. Plus loin, il ajoute : « Ici aussi, je comprends pour la première fois les mots du poète Theodor Mörner : « Aucun enfant dans le ventre de sa mère ne sera épargné. Diable ! Tant de sang, de boue, de corne et de chair n’ai-je pas encore vu. Maintenant, je peux comprendre l’expression l’ivresse de sang. » A l’heure que nous commémorons le 75e anniversaire de la découverte du camp d’Auschwitz, Storiavoce vous propose un voyage dans l’horreur : celui dans les champs du front de l’Est pendant la Deuxième Guerre mondiale. Avec Jean Lopez, nous vous en avons donné les clés et les ressorts politiques et militaires dans deux émissions consacrées à l’opération Barbarossa. Aujourd’hui, nous allons aborder une question peut être trop méconnue. On croyait avoir tout dit sur le génocide, or le mouvement historiographique qui montre l’importance du front de l’Est pendant le conflit mondial nous révèle aussi les « massacres de masse qui touchèrent la population juive. » Alors que l’on connaissait bien le travail macabre des Einsatzgruppen, Marie Moutier-Bitan, elle, est partie à la recherche des victimes. Elle est interrogée par Christophe Dickès.
Ce podcast peut être utilisé dans le cadre du cours de Terminale: Thème 1 – Chapitre 3 – La Seconde Guerre Mondiale